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Eusebius et Florestan

Janine Jansen au sommet de son art

23 Janvier 2015 , Rédigé par Eusebius et Florestan Publié dans #Saison 2014-2015

Janine Jansen au sommet de son art

Elle a décidément belle allure notre Philharmonie, qui se dresse telle une fière cité défiant le ciel cancéreux de l’hiver, couronne angoissante d’une grande ville guerrière. Il faut pénétrer dans la salle et lever la tête pour être enfin dans les nuages. Ne manque plus qu’une lumière bleue comme un soleil, qui perce enfin lorsqu’apparaît dans l’agora Janine Jansen.

Stradivarius « Barrere » de 1727 en main, la violoniste va s’attaquer au Concerto en ré majeur op. 35 de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Elle a récemment mis entre parenthèses sa carrière pour retrouver une nouvelle énergie. A 36 ans, la voilà au sommet de son art. Chaque note est aiguisée par un coup d’archet et un vibrato de déesse, chaque intention musicale est feu et glace. La sonorité est minérale, limpide et éclatante, c’est en vain que l’on cherche la moindre peccadille dans une maîtrise technique quasi irréelle, pourtant soumise à une prise de risque permanente. Le tempérament de Janine Jansen fait fondre comme neige au soleil la direction ennuyeuse de Paavo Järvi. Tout au long du concerto, nous restons suspendus à l’archet de la violoniste, qui rend saisissant les silences de la redoutable cadence de l’Allegro moderato. Dans la Canzonetta, elle nous entraîne justement aux limites du silence, expérience physique troublante, avant de dévaler sans faiblesse les pentes de l’Allegro vivacissimo, avec accélérations ébouriffantes, toujours à l’affût, en jaillissement. On en tremble, on en palpite, on en frémit, on en termine avec la certitude d’avoir devant nous une artiste essentielle

L’acoustique de la Philharmonie permet d’écouter véritablement pour la première fois à Paris un concerto pour violon. Le grain sonore de l’instrument est parfaitement rendu et l’équilibre entre soliste et orchestre idéal. La salle est, comme toujours depuis son inauguration, pleine à ras-bord. Les « esprits chagrins » et autres nostalgiques malsains deviennent inaudibles.

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