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Eusebius et Florestan

Quatuor Zaïde : à suivre!

7 Novembre 2014 , Rédigé par Eusebius et Florestan

Quatuor Zaïde : à suivre!

Le Centre culturel tchèque a eu la bonne idée d'inviter le jeune Quatuor Zaïde pour un concert intime... mais pas vraiment chaleureux compte tenu des tableaux anxiogènes d'artistes tchèques contemporains accrochés aux quatre murs. Qu'importe! Cette petite salle remplie avec une soixantaine de chaises est aux dimensions idéales pour profiter pleinement de la formation à 4 x 4 cordes. Le programme fut 100% tchèque (évidemment), enchaînant le Premier Quatuor "Sonate à Kreutzer" de Janacek au Treizième Quatuor de Dvorak.

Le Quatuor Zaïde se compose de quatre jeunes femmes issues du CNSMDP : Charlotte Juillard et Leslie Boulin Raulet (qui n'apparaît pas sur la photo, étant arrivée tout récemment) au violon, Sarah Chenaf à l'alto et Juliette Salmona au violoncelle. Fondé en 2009, le quatuor remporte dès 2010 à l'unanimité le Prix de la presse internationale au prestigieux Concours international de quatuor à cordes de Bordeaux! Par la suite, elles se perfectionnent auprès de rien moins que Hatto Beyerle, altiste fondateur du Quatuor Alban Berg, et en 2012 elles foulent le sol de la scène du Musikverein de Vienne puis de la Philharmonie de Berlin. A l'écoute de ce concert tchèque du 30 septembre dernier, comme ce succès se comprend!

La cohésion sonore est d'une grande maturité pour un si jeune quatuor. Tranchant, dynamique, réflexe, instinctif : le son signé par les Zaïde n'a pas de mal à se caractériser. Leur façon d'appréhender les œuvres de la soirée mêle un travail en profondeur sur l'articulation entre architecture et cheminement du discours à une sorte de folie improvisatrice magnétique. Ajoutez à cela que chacune des quatre musiciennes timbre avec générosité et goût son instrument, quel bonheur!

Les "con moto" du quatuor de Janacek s'enchaînent avec une incandescence de plus en plus brûlante, nourrie par les crépitations maléfiques des archets sur les cordes. Quant aux grandes proportions du Dvorak, elles sont structurées à la perfection, en particulier dans l'articulation entre les différents thèmes et dans le dosage des dynamiques. Moment bouleversant : l'Adagio ma non troppo se déroule dans une atmosphère qui laisse s'épanouir avec naturel les sentiments les plus intimes. Ici, rien n'est à envier aux grands maîtres.

Un jeune quatuor à suivre, assurément! Il suffit d'ailleurs de visiter leur site internet pour s'en convaincre. Une citation de Brassens y est mise en évidence : "Quand on est plus de quatre, on est une bande de cons". Quand l'insolence se rajoute au talent, tout y est!

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