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Eusebius et Florestan

Philharmonie de Paris : qu'y entend-on?

10 Mars 2016 , Rédigé par Eusebius et Florestan

Philharmonie de Paris : qu'y entend-on?

Inaugurée le 14 janvier 2015, la Philharmonie de Paris a accueilli pour sa première année d’existence 1,2 millions de visiteurs. Le taux de remplissage de la grande salle atteint les 97%, ce qui confirme l’impression visuelle de qui s’y rend régulièrement. De quoi mettre un terme au pessimisme exagéré prédisant une salle désertée par un public qui, c’était juré, ne mettrait jamais les pieds dans un quartier lointain, mal desservi, voire mal fréquenté. Même les chroniqueurs de Diapason ont accepté de revoir leur jugement…

Mais c’est au répertoire symphonique programmé que nous avons décidé de nous intéresser ici. La période étudiée va du 14 janvier 2015 à la fin de la saison 2015-2016 (soit environ un an et demi). Seuls les concerts ayant lieu ou ayant eu lieu dans la grande salle (dite Philharmonie 1) ont été pris en compte. Afin de comparer ce qui est comparable, les ensembles « spécialisés » (comme par exemple les Arts Florissants ou l’Ensemble Intercontemporain) ont été laissés de côté.

Le répertoire de fond : la musique allemande du XIXème siècle

Premier constat : l’orchestre symphonique d’aujourd’hui a délaissé les œuvres du XVIIIème siècle (Bach ou Mozart par exemple) qui ne représentent que 4,5% des œuvres au programme. Sans surprise, c’est le XIXème siècle qui arrive en tête (48,2%), mais le XXème siècle n’est pas loin derrière (42,3%), même s’il est vrai qu’il s’agit essentiellement d’un XXème siècle qui ne va guère au-delà des années 50. 90,5% du répertoire est donc compris grosso modo dans une échelle de temps allant de 1800 à 1950. Ce qui est préoccupant est la faible proportion de créations : elles ne représentent que 4,5% du répertoire. Les œuvres nouvelles seraient donc devenues l’affaire d’ensembles « spécialisés », tout comme la musique du… XVIIIème. Et encore, faut-il qu’une fois créées, ces œuvres s’imposent au répertoire. Nous en sommes loin : les œuvres du XXIème siècle qui ne sont pas des créations (donc nouvellement créées au cours des 15 dernières années) occupent 0,5% de l’affiche. Il n’est pas sûr qu’en élargissant aux 30 dernières années cette proportion augmente.

La musique dite germanique affiche sa suprématie : 39,5% des œuvres au programme ont été écrites par un compositeur allemand ou autrichien. Viennent ensuite loin derrière, au coude-à-coude, les russes (18,2%) et les français (17,7%). Avec 6%, les compositeurs d’Europe du Nord se défendent bien. La petite surprise étant que les compositeurs d’Amérique Centrale et du Sud sont davantage au programme que les Nord-Américains : 3,6% contre 3,3%. L’Italie reste quant à elle associée à l’opéra puisque son répertoire symphonique ne pèse que 2,2% du total, derrière les hongrois (4,1%) et les tchèques (2,6%). Enfin, les anglais et les polonais (ou plutôt le polonais : Chopin. Pas de Szymanowski ni de Lutoslawski ni de Penderecki !) ferment la marche avec respectivement 1% et 0,7%.

Les 2/3 des solistes sont des hommes

Du côté des interprètes, les grandes perdantes sont les femmes. Après s’être intéressé aux solistes invités par les orchestres symphoniques, le résultat est sans appel : 2 fois sur 3, ce soliste est un homme (65,3%). En détaillant par instrument, le moins pire est du côté du violoncelle qui est tenu 45,5% du temps par une femme alors que le violon ne le sera que 40,6% du temps. Mais le plus masculin des instruments, et de très loin, est le piano : vous n’avez que 29,3% de chance de voir une femme s’asseoir devant le roi des instruments lorsqu’il est avancé devant l’orchestre. Et encore, nous n’avons pas évoqué ici les femmes chefs d’orchestre, compositrices ou… critiques. Mais vous vous doutez du résultat.

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